Déforestation et café : urgence climatique et solutions durables
La déforestation est un problème mondial majeur qui menace non seulement les écosystèmes, mais également les économies et les moyens de subsistance de millions de personnes, notamment celles qui dépendent de la caféiculture. Environ 13 millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année à travers le monde (Source : FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture), rapport "Global Forest Resources Assessment 2020".)
À mesure que les forêts sont rasées pour laisser place à l’agriculture intensive, l’équilibre écologique de la planète est bouleversé. Face à cette situation, la réglementation européenne EUDR (European Union Deforestation Regulation) est devenue une mesure essentielle pour enrayer cette crise.
Le rôle crucial des forêts pour la planète
Les forêts couvrent environ 31 % de la surface terrestre mondiale et jouent un rôle fondamental dans la régulation du climat, la préservation des sols et le maintien de la biodiversité . Elles capturent environ 2,6 milliards de tonnes de CO2 chaque année, ce qui contribue à limiter le réchauffement climatique . (Source : IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), rapport "Climate Change and Land", 2019.)
Chaque année, pourtant, des millions d'hectares sont dévastés pour la production de matières premières destinées au marché mondial, comme le cacao, l'huile de palme et, bien sûr, le café. Ces monocultures, souvent intensives, entraînent la perte de biodiversité, accentuent les effets du réchauffement climatique et provoquent la dégradation des sols, un phénomène connu sous le nom de désertification.
Déforestation : un impact direct sur la production de café
En tant que torréfacteur engagé, nous sommes particulièrement préoccupés par les effets de la déforestation sur la production de café. Cultivé principalement dans les régions tropicales, le café est directement menacé par la disparition des forêts. En effet, les forêts jouent un rôle crucial dans la régulation du cycle de l'eau, la protection des sols et la stabilisation des températures. Leur disparition entraîne des conséquences dramatiques pour la caféiculture, aggravant les sécheresses, augmentant les vagues de chaleur et rendant les cultures plus vulnérables aux maladies.
Prenons l'exemple du Brésil, l'un des plus grands producteurs mondiaux de café. Récemment, le pays a subi des sécheresses prolongées dans des régions clés comme Minas Gerais, mettant les plantations sous un stress hydrique sans précédent. Les projections pour la récolte de café 2025 sont préoccupantes, avec une baisse de production estimée entre 12 et 15 %.
EUDR : La réglementation européenne pour stopper la déforestation
Face à cette urgence, la réglementation EUDR adoptée en mai 2023 par l'Union européenne est une avancée majeure pour lutter contre la déforestation mondiale. Elle interdit la mise sur le marché européen de produits issus de la déforestation ou de la dégradation des forêts. Cela inclut le café, qui est souvent cultivé sur des terres ayant autrefois abrité des forêts tropicales.
Les entreprises doivent désormais prouver que leurs produits ne sont pas liés à la déforestation, en mettant en place des systèmes de traçabilité pour suivre l'origine des matières premières. Ce processus repose sur la collecte de données géographiques et une évaluation rigoureuse des risques. L'objectif est de protéger les forêts primaires et de régénération naturelle, tout en stoppant leur conversion en terres agricoles.
Fonctionnement de l’EUDR : Le cœur de l’EUDR repose sur un mécanisme appelé diligence raisonnée. Cela signifie que les entreprises doivent prouver que leurs chaînes d'approvisionnement sont exemptes de déforestation illégale ou non régénérée. La date pivot fixée par l'EUDR est décembre 2020 : les terres déboisées après cette date ne peuvent plus être utilisées pour produire des matières premières destinées au marché européen. Cette réglementation s'applique à toutes les formes de déforestation, qu'elle soit légale ou illégale, y compris pour les forêts primaires, essentielles pour la biodiversité et la régulation climatique.
Les entreprises doivent collecter des données géographiques précises, notamment via des outils de géolocalisation et d’imagerie satellite, pour identifier et vérifier l’origine des parcelles agricoles. Cela permet de s’assurer que la production n’est pas liée à des terres déboisées ou dégradées. Cette traçabilité s’accompagne d’une analyse rigoureuse des risques pour évaluer les dangers de déforestation dans les régions concernées, en tenant compte des lois locales, de l’utilisation des terres et de la conformité aux normes de durabilité.
Obligations des entreprises : Pour être conformes, les entreprises doivent non seulement prouver l'origine légale de leurs produits, mais aussi respecter les lois des pays producteurs. Cela inclut la protection des droits humains, en particulier ceux des communautés locales et autochtones qui dépendent des forêts. Les entreprises doivent documenter et vérifier toute leur chaîne d’approvisionnement, de l’extraction des matières premières jusqu’à la livraison des produits finis. Des audits fréquents, des rapports publics et des sanctions financières sévères pour les infractions sont également prévus.
Objectifs environnementaux et sociaux : L'EUDR cherche à freiner la destruction des forêts, responsables de 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre dues à la déforestation et la dégradation des terres, cette réglementation encourage les pays producteurs à adopter des pratiques agricoles durables et à préserver leur capital forestier. Il s'agit non seulement de protéger la biodiversité et les ressources en eau, mais aussi de garantir une production agricole résiliente face aux changements climatiques, notamment dans les filières comme celle du café.
En plus de ses ambitions environnementales, l’EUDR vise à renforcer la justice sociale, en s’assurant que les petits producteurs et les communautés locales bénéficient de la protection de leurs terres et de leurs droits, souvent menacés par l’expansion agricole industrielle.
En résumé, l’EUDR est un cadre législatif ambitieux qui impose aux entreprises de prendre des mesures concrètes et traçables pour protéger les forêts et contribuer à une agriculture plus respectueuse de l’environnement, tout en répondant aux attentes éthiques des consommateurs européens.
Agriculture durable : une réponse à la crise de la caféiculture
Face à la menace grandissante, l'agriculture durable apparaît comme une réponse essentielle pour l'avenir de la caféiculture. Contrairement aux pratiques intensives, l'agriculture durable repose sur des méthodes agroécologiques qui protègent l'environnement tout en garantissant des rendements stables.
L'agroforesterie, par exemple, consiste à réintroduire des arbres dans les plantations pour fournir de l'ombre, protéger les sols et améliorer la gestion de l'eau. Ces pratiques ne se contentent pas de préserver la biodiversité ; elles renforcent également la résilience des cultures de café face aux chocs climatiques et aux variations de température.
En collaborant avec des agriculteurs engagés dans ces pratiques, nous observons déjà des résultats positifs. Au Brésil, certaines fermes utilisant des systèmes agroforestiers voient leurs plantations de café mieux résister aux sécheresses et aux températures extrêmes. C'est cette approche durable et résiliente que nous devons promouvoir à grande échelle.
Des actions immédiates pour un avenir durable du café
Le report de la mise en œuvre de l'EUDR a été une déception pour beaucoup, mais cela ne doit pas freiner nos efforts. Les entreprises, notamment celles qui travaillent dans le secteur du café, doivent agir dès maintenant pour s'assurer que leurs chaînes d'approvisionnement ne contribuent pas à la déforestation. Chez Café Anne Caron, nous nous engageons à travailler avec des partenaires (agriculteurs, paysans et importateurs) partageant cette vision, en soutenant des pratiques agricoles qui respectent l'environnement et les communautés locales.
L'avenir du café et de notre planète dépend de notre capacité à agir. Adoptons des pratiques durables et engageons-nous à protéger les forêts, pour que chaque tasse de café soit un geste en faveur de la durabilité.